journals.openedition.org/sds/2313?lang=fr
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Cet article1 est directement le reflet de mon expérience professionnelle : ayant commencé à travailler dans le monde de la recherche scientifique en 2002, j’ai depuis douze ans vu évoluer, au travers de différents postes dans la sphère publique et privée, l’environnement de la recherche et le contexte dans lequel les chercheurs publics exercent aujourd’hui leur métier. J’ai pu ainsi constater que l’activité de recherche et le métier de chercheur ont connu en France une vraie mutation dans la dernière décennie se traduisant par un financement de la recherche « sur projet » qui s’est imposé peu à peu aux laboratoires et aux individus. Après avoir souligné les principaux traits de cette mutation, nous développerons un éclairage particulier sur la façon dont une université, l’Université Toulouse 1 Capitole, a réagi à ce nouveau cadre stratégique, en mettant en place en 2011 une cellule d’appui au montage de projets, notamment axée sur l’obtention de financements européens pour ses laboratoires et équipes de recherche.
Un juriste ou un économiste peuvent ainsi travailler de manière relativement isolée, avec essentiellement un ordinateur et un accès à des bases de données.
En France, le changement des modalités de financement de la recherche commence principalement à s’amorcer en 2005, avec la création de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) qui, sous la forme d’un groupement d’intérêt public (GIP), a pour mission de « financer et de promouvoir le développement des recherches fondamentales, appliquées et finalisées, l’innovation et le transfert technologique, ainsi que le partenariat entre le secteur public et le secteur privé4 ».
La naissance de l’ANR affirme clairement l’émergence d’un nouveau type de recherche, la recherche « sur projets » ; sur son site internet l’ANR affiche ainsi qu’elle « assure la sélection, le financement et le suivi des projets5 ». Après avoir été en charge du financement de projets de recherche « classiques », l’ANR devient en 2010 le vecteur principal pour la mise en œuvre du PIA (Programme d’Investissements d’Avenir)6
. Elle confirme ainsi par cette seconde phase, son rôle incontournable d’agence centrale du financement de la Recherche en France (même si d’autres leviers existent en dehors de l’ANR, tels que les appels à projets du Fonds Unique Interministériel (FUI) qui eux relèvent de plusieurs ministères (ministères chargés de l’industrie, de la recherche, du développement durable, de l’aménagement du territoire, des transports, de la défense, de l’équipement, de l’agriculture, de la santé, des services7), et non pas uniquement de la seule sphère de la recherche. La Cour des Comptes souligne dans son rapport public annuel de 2011 que l’ANR a « réussi son inscription dans le nouveau paysage de la recherche, même si elle souligne également quelques caractéristiques qui restent à améliorer en terme de fonctionnement8 ».
Naissance de l’ANR et avènement de la recherche sur projets en France
Dans la même période l’on voit la naissance de l’ AERES (Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur). Cette autorité administrative indépendante (AAI) française, chargée de l’évaluation de l’enseignement supérieur et de la recherche publique, est créée par la loi de programme pour la recherche de 2006.
L’AERES et une nouvelle évaluation régulière de la recherche
Elle est issue de la fusion de trois organismes, le comité national d’évaluation des établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel (CNE), le comité national d’évaluation de la recherche (CNER) et la mission scientifique, technique et pédagogique (MSTP).
Cette fusion est organisée dans la Loi de programme pour la recherche de 2006. Entre autres missions, cette agence est chargée d’évaluer les activités de recherche conduites par les unités de recherche des établissements et organismes ; elle conduit ces évaluations soit directement, soit en s’appuyant sur les établissements et organismes selon des procédures qu’elle a validées.
L’arrivée de ce nouvel acteur impose aux établissements universitaires et aux laboratoires de recherche une course effrénée vers le meilleur résultat possible. Lors des « vagues » d’évaluation, au niveau de la dimension recherche, toute l’activité scientifique est passée au peigne fin, toutes les publications sont recensées, et on cherche à valoriser chaque colloque, projet national ou européen, à la recherche du décrochage du fameux label « A+ » qui va permettre au laboratoire d’afficher pour une période donnée son excellence scientifique11. L’évaluation est considérée comme une « révolution culturelle » pour le milieu universitaire12 qui se sent scruté, examiné, alors que jamais auparavant (au-delà des rapports d’activités individuels) il n’avait été amené à rendre des comptes sur son activité de recherche. Le processus d’évaluation est perçu comme une intrusion et une brimade par la plupart des chercheurs et directeurs de laboratoires, qui estiment que c’est une perte de temps, qui ne leur permet pas de consacrer ce temps si précieux à la conduite et à la conception de nouveaux projets de recherche
… Et des répercussions aux différents niveaux des universités françaises 16 Rapport du Sénat : Texte disponible [en ligne] : URL : http://www.senat.fr/rap/r12-446/r12-446-syn (...) 10Ces nouveaux paramètres ne sont sans conséquence pour les universités françaises. Dès qu’elles optent pour un passage à l’autonomie complète (y compris le patrimoine immobilier), leurs équipes de la gouvernance se trouvent progressivement en charge de la gestion d’« entreprises académiques » et doivent s’adapter à ce nouvel environnement et ces nouvelles contraintes. Les présidents d’université deviennent de véritables chefs d’entreprises. Chaque établissement cherche à se distinguer par son excellence en formation ou en recherche16, les politiques et services de communication se développent fortement : à l’image des universités anglo-saxonnes, une université devient une marque sur laquelle on communique et que l’on affiche. 17 Texte disponible [en ligne] : URL : <http://www.lexpress.fr/education/versailles-saint-quentin-une (...) 18 Texte disponible [en ligne] : URL : <http://www.abonnes.lemonde.fr/enseignement-superieur/article/(...) 11Dans le même temps, les universités doivent faire face à de nouveaux défis en termes de financements : avec des compétences étendues (tant au niveau du patrimoine immobilier que de la gestion des RH) se pose la question de savoir comment on peut maintenir un équilibre budgétaire, sachant que la dotation de l’État n’est pas pour autant en hausse et que les autres leviers financiers (ex. les frais d’inscriptions des étudiants) font l’objet de contraintes fortes également. Quelques années après la mise en place de la LRU on commence à entendre parler dans les médias grand public d’universités en faillite17, d’universités obligées de faire des choix dans le maintien ou pas de certaines antennes universitaires18. Des rapports publics montrent que les universités n’ont pas encore toutes réussi une diversification de leur financement. 12Dans les laboratoires, l’obtention de contrats de recherche devient un véritable enjeu. Il s’agit à la fois de décrocher des moyens financiers venant de l’extérieur, mais aussi de pourvoir aux besoins en termes de recrutement de personnels contractuels (des doctorants notamment) et/ou de l’équipement nécessaire à la conduite des recherches. L’obtention de contrats de recherche plus ou moins prestigieux (ex. une ANR JCJC pour un jeune chercheur ou bien un ERC Advanced Grant pour un chercheur plus sénior) s’affirme peu à peu comme un marqueur de l’excellence en recherche d’un laboratoire. Ironie du sort : pour les laboratoires l’obtention du label d’excellence « A+ » de l’AERES est lui-même un label pouvant favoriser l’obtention de nouveaux contrats de recherche. Pour les laboratoires qui avaient l’habitude de financer leur recherche uniquement sur la base des dotations récurrentes de l’État il y a un cap à franchir pour assimiler le nouveau cadre dans lequel ils évoluent. La recherche sur projets et sur contrat, au sein de sphère publique, reste mal acceptée. Certains chercheurs voient comme une contrainte le fait de devoir aller chercher des contrats, s’estiment prisonniers des priorités scientifiques fixées par tel ou tel financeur public (l’ANR ou l’Union européenne). Pour d’autres, monter et remporter des contrats de recherche c’est la garantie d’être libres (vis-à-vis de son établissement, de son laboratoire, de ses collègues) pour parfois aller explorer d’autres cadres universitaires à l’étranger, coopérer avec des réseaux nationaux / européens / internationaux, et s’enrichir de ces échanges entre chercheurs. Plus prosaïquement, c’est aussi avoir les moyens de financer des doctorants et du matériel ou des missions pour mener à bien une recherche. 13Enfin les conséquences directes de la recherche « sous contrats » s’observent également auprès des jeunes chercheurs et doctorants. Alors que nombre de thèses se font encore en France sans aucun financement support (même si des schémas que d’autres pays nous envient, tels que les CIFRE existent), leur liberté dans le choix des sujets va en effet en diminuant car ils doivent de plus en plus souvent choisir entre une thèse sur un sujet imposé (car financé sur un projet ANR ou européen par exemple) et une thèse sur un sujet de leur choix, mais sans financement sur la durée de réalisation des travaux. 14Dans ce contexte de profondes mutations de la recherche française, les universités, laboratoires et chercheurs « se cherchent ». Des mesures sont prises pour tenter tant bien que mal de s’adapter à ce nouvel environnement. C’est ce que nous allons voir maintenant en relatant le dispositif mis en place par l’Université Toulouse 1 Capitole pour favoriser son inscription dans les réseaux et schémas de financements européens.
L’expérience de l’université Toulouse 1 Capitole via sa cellule Europe 19 Texte disponible [en ligne] : URL : <http://www.fr.wikipedia.org/wiki/Coordination_des_universit%C (...) 15L’Université Toulouse 1 Capitole (UT1C) est l’une des premières universités a avoir opté pour l’autonomie (elle est autonome depuis le 1er janvier 2009). Héritière d’une longue tradition académique, elle trouve son origine dans la faculté de droit canonique créée en 1229. Forte d’une tradition largement reconnue dans les domaines du Droit et des Sciences Politiques, elle s’est progressivement diversifiée dans sa recherche et ses enseignements dès les années soixante en développant des équipes de haut niveau dans les sciences économiques, le droit, la science politique et les sciences de gestion. La réputation de son école d’économie (TSE) et de son école de management (IAE) a aujourd’hui largement dépassé le cadre des frontières nationales et compte parmi les centres de recherche et d’enseignement de premier plan en Europe (Service de Communication de l’Université). Elle vient tout juste de rejoindre début 2014 le club très fermé de la CURIF19 (Coordination des Universités de Recherche Intensive Française).
La cellule Europe : un dispositif d’appui aux enseignants-chercheurs 20 Texte disponible [en ligne] : URL : <http://www.ut-capitole.fr/recherche/equipes-et-structures/> 21 Texte disponible [en ligne] : URL : <http://www.ec.europa.eu/research/fp7/index_en.cfm> 22 L’intitulé même de mon poste (chargée de mission pour le financement européen de la recherche) au (...) 16En matière de développement et de coopération internationale, l’UTC1 a fortement développé ces dix dernières années les accords internationaux avec d’autres établissements académiques parmi les plus renommés. Au plan des formations, cela a engendré l’essor de double-diplômes permettant aux étudiants de devenir pleinement des citoyens européens, au travers de l’obtention de diplômes reconnus dans plusieurs pays européens. Au plan de la recherche, cette piste a été ouverte par la réponse aux appels à projets européens. Mais le départ a été modeste ; il manquait jusqu’à ces dernières années une véritable dynamique. C’est pourquoi, à la fin de l’année 2010, la vice-Présidence en charge des relations européennes a recruté un(e) chargé(e) de mission, spécifiquement sur la question des projets de recherche européens. Il s’agissait de monter au sein d’UT1C une « Cellule Europe », en charge de l’appui aux chercheurs, comme il en existait déjà dans un grand nombre d’autres universités françaises. Je fus ainsi recrutée en mars 2011 – en CDD de deux ans transformé ensuite en CDI – en tant que « chargée de mission pour le financement européen de la recherche », avec une double mission : i) accroître la participation des équipes de recherche de l’Université (au nombre de 15, réparties entre le droit, la gestion, l’économie, l’informatique, la communication et les mathématiques20) aux appels à projets du (alors) 7e programme cadre européen pour la recherche et le développement technologique21 (2007-2013) ; ii) faire en sorte d’accroître22 la part des ressources de l’université issue de contrats de recherche européens.
Diplômée en sciences humaines et ayant travaillé précédemment dans un laboratoire de sciences dites « dures », le premier travail à mon arrivée à l’UT1C a été de me familiariser avec la culture disciplinaire spécifique au droit, aux sciences de gestion et à l’économie. J’ai vite réalisé qu’à la différence des sciences dures qui obéissent à peu près au même modèle, j’avais là affaire à trois disciplines bien spécifiques, avec chacune leur mode de fonctionnement. L’autre différence avec le monde de la recherche que j’avais côtoyé jusque-là a été le statut d’enseignant-chercheur (régit aujourd’hui par la loi n° 2013-660 du 22 juillet 2013 relative à l’enseignement supérieur et à la recherche – dite Loi Fioraso). Ayant préalablement travaillé pour le CNRS, j’avais davantage l’habitude de « chercheurs à temps plein » alors que statutairement les missions des enseignants-chercheurs en France comprennent 50 % de temps de recherche pour 50 % d’enseignement23 (sauf décharges ou modulations d’enseignement accordées dans des cas particuliers et sur demande). J’ai donc passé les premiers mois de ma nouvelle mission à découvrir, au travers d’interlocuteurs privilégiés identifiés par moi ou que l’on m’avait désigné, les différentes facettes et particularités de mon nouvel univers.
Une identification fine des thématiques de recherche 18Concernant plus spécifiquement la recherche, j’ai cherché à établir une cartographie des domaines de recherche de près de 450 enseignants-chercheurs, à la fois à l’échelle des laboratoires et des individus eux-mêmes. L’objectif était pour moi, au-delà des grands champs disciplinaires (droit, économie, gestion) de comprendre ce sur quoi les chercheurs travaillaient. Je ne m’arrêtais à pas des appellations disciplinaires telles que « droit social » ou « stratégie d’entreprise », je cherchais systématiquement à comprendre quelles étaient les champs d’applications de ces recherches : par exemple la règlementation en termes de RSE en France et au Québec, la problématique de la justice dans les rapports au travail. Ceci car, dans les appels à projets de l’Union européenne ce n’est pas une discipline qui est appelée, mais bien des sujets de recherche, des sujets de plus en plus avec un ancrage sociétal (d’autant plus dans le nouveau programme cadre européen Horizon 2014-2020). 19Sur la base des rapports AERES de la campagne d’évaluation 2010 (qui avait eu lieu juste avant mon arrivée) et différents documents rédigés par les laboratoires de recherche de l’Université, j’ai progressivement créé ma cartographie des thématiques de recherche de nos quinze laboratoires, et fait un travail de recensement de mots-clés. Mots-clés qui me servent à repérer si tel ou tel laboratoire pourrait ou pas s’inscrire dans tel ou tel programme / appel à projet européen. 20À mon arrivée à l’université, sur les conseils de la chargée de communication, je me suis appuyée sur tous les rouages de la communication interne (newsletter, magazine, présence aux réunions du conseil scientifique) pour faire connaître ma présence et ma mission auprès des équipes de chercheurs. Le leitmotiv de cette communication était de leur faire prendre conscience, collectivement et individuellement, du fait qu’ils n’étaient plus seuls face à la mécanique des appels à projets européens, mais qu’ils avaient vraiment quelqu’un à leur disposition pour démystifier et dé-dramatiser ce type de candidatures pour leurs projets de recherche. Pendant les premiers mois mon téléphone ne sonnait pas, ce qui était un peu inquiétant eu égard aux efforts de communication déployés et à la compétence que je leur proposais. Puis, peu à peu, les chercheurs ont été orientés vers mon bureau, se sont donnés le mot (ils m’envoyaient leurs collègues une fois que j’avais bouclé un projet pour eux), etc. Au fur et à mesure que je rencontrais de nouveaux acteurs de l’université intéressés par la dimension des projets de recherche, à l’échelle nationale ou européenne, je les ai tous ajoutés à ma mailing list de diffusion (liste incrémentée au fil des rencontres) des appels à propositions, appels à candidature et autres opportunités de financement d’actions relevant de la sphère recherche. Petit à petit d’autres personnes ont demandé à recevoir aussi cette information perçue comme nouvelle et intéressante. Ma connaissance fine des laboratoires de recherche de l’Université m’a progressivement permis, de connaître les sujets de recherche d’une grande partie des chercheurs. J’ai ainsi progressivement pu passer d’une veille stratégique et d’une diffusion de l’information aux laboratoires, à l’échelle plus précise et spécifique de chaque enseignant chercheur, étape nécessaire pour répondre à des attentes individuelles, hors du champ des projets collaboratifs impliquant plusieurs partenaires. Souvent il est nécessaire de passer par un premier entretien en face à face pour comprendre les sujets de recherche du chercheur (sénior ou doctorant), saisir la nature du projet ou de la problématique (s’agit-il d’un besoin de mobilité, de combien de temps, quel est le stade d’avancement du chercheur dans sa carrière, etc. ?) afin de commencer à formuler des éléments de réponse. Tout ce travail nécessite une grande patience, une écoute attentive, mais aussi une reformulation des problèmes pour tenter d’aller vers telle ou telle solution. Cet accompagnement individualisé est d’autant plus fort quand il s’agit de monter des dossiers de candidature qui touchent au parcours professionnel et personnel, tels que les bourses Marie Curie pour la formation et la mobilité des chercheurs et les bourses du Conseil européen de la recherche (ERC), tout comme quand il s’agit d’aiguiller un doctorant sur son devenir professionnel d’après-thèse et les possibilités de post-doc à l’international.
Une identification fine des thématiques de recherche 18Concernant plus spécifiquement la recherche, j’ai cherché à établir une cartographie des domaines de recherche de près de 450 enseignants-chercheurs, à la fois à l’échelle des laboratoires et des individus eux-mêmes. L’objectif était pour moi, au-delà des grands champs disciplinaires (droit, économie, gestion) de comprendre ce sur quoi les chercheurs travaillaient. Je ne m’arrêtais à pas des appellations disciplinaires telles que « droit social » ou « stratégie d’entreprise », je cherchais systématiquement à comprendre quelles étaient les champs d’applications de ces recherches : par exemple la règlementation en termes de RSE en France et au Québec, la problématique de la justice dans les rapports au travail. Ceci car, dans les appels à projets de l’Union européenne ce n’est pas une discipline qui est appelée, mais bien des sujets de recherche, des sujets de plus en plus avec un ancrage sociétal (d’autant plus dans le nouveau programme cadre européen Horizon 2014-2020). 19Sur la base des rapports AERES de la campagne d’évaluation 2010 (qui avait eu lieu juste avant mon arrivée) et différents documents rédigés par les laboratoires de recherche de l’Université, j’ai progressivement créé ma cartographie des thématiques de recherche de nos quinze laboratoires, et fait un travail de recensement de mots-clés. Mots-clés qui me servent à repérer si tel ou tel laboratoire pourrait ou pas s’inscrire dans tel ou tel programme / appel à projet européen. 20À mon arrivée à l’université, sur les conseils de la chargée de communication, je me suis appuyée sur tous les rouages de la communication interne (newsletter, magazine, présence aux réunions du conseil scientifique) pour faire connaître ma présence et ma mission auprès des équipes de chercheurs. Le leitmotiv de cette communication était de leur faire prendre conscience, collectivement et individuellement, du fait qu’ils n’étaient plus seuls face à la mécanique des appels à projets européens, mais qu’ils avaient vraiment quelqu’un à leur disposition pour démystifier et dé-dramatiser ce type de candidatures pour leurs projets de recherche. Pendant les premiers mois mon téléphone ne sonnait pas, ce qui était un peu inquiétant eu égard aux efforts de communication déployés et à la compétence que je leur proposais. Puis, peu à peu, les chercheurs ont été orientés vers mon bureau, se sont donnés le mot (ils m’envoyaient leurs collègues une fois que j’avais bouclé un projet pour eux), etc. Au fur et à mesure que je rencontrais de nouveaux acteurs de l’université intéressés par la dimension des projets de recherche, à l’échelle nationale ou européenne, je les ai tous ajoutés à ma mailing list de diffusion (liste incrémentée au fil des rencontres) des appels à propositions, appels à candidature et autres opportunités de financement d’actions relevant de la sphère recherche. Petit à petit d’autres personnes ont demandé à recevoir aussi cette information perçue comme nouvelle et intéressante. Ma connaissance fine des laboratoires de recherche de l’Université m’a progressivement permis, de connaître les sujets de recherche d’une grande partie des chercheurs. J’ai ainsi progressivement pu passer d’une veille stratégique et d’une diffusion de l’information aux laboratoires, à l’échelle plus précise et spécifique de chaque enseignant chercheur, étape nécessaire pour répondre à des attentes individuelles, hors du champ des projets collaboratifs impliquant plusieurs partenaires. Souvent il est nécessaire de passer par un premier entretien en face à face pour comprendre les sujets de recherche du chercheur (sénior ou doctorant), saisir la nature du projet ou de la problématique (s’agit-il d’un besoin de mobilité, de combien de temps, quel est le stade d’avancement du chercheur dans sa carrière, etc. ?) afin de commencer à formuler des éléments de réponse. Tout ce travail nécessite une grande patience, une écoute attentive, mais aussi une reformulation des problèmes pour tenter d’aller vers telle ou telle solution. Cet accompagnement individualisé est d’autant plus fort quand il s’agit de monter des dossiers de candidature qui touchent au parcours professionnel et personnel, tels que les bourses Marie Curie pour la formation et la mobilité des chercheurs et les bourses du Conseil européen de la recherche (ERC), tout comme quand il s’agit d’aiguiller un doctorant sur son devenir professionnel d’après-thèse et les possibilités de post-doc à l’international.
Une identification fine des thématiques de recherche 18Concernant plus spécifiquement la recherche, j’ai cherché à établir une cartographie des domaines de recherche de près de 450 enseignants-chercheurs, à la fois à l’échelle des laboratoires et des individus eux-mêmes. L’objectif était pour moi, au-delà des grands champs disciplinaires (droit, économie, gestion) de comprendre ce sur quoi les chercheurs travaillaient. Je ne m’arrêtais à pas des appellations disciplinaires telles que « droit social » ou « stratégie d’entreprise », je cherchais systématiquement à comprendre quelles étaient les champs d’applications de ces recherches : par exemple la règlementation en termes de RSE en France et au Québec, la problématique de la justice dans les rapports au travail. Ceci car, dans les appels à projets de l’Union européenne ce n’est pas une discipline qui est appelée, mais bien des sujets de recherche, des sujets de plus en plus avec un ancrage sociétal (d’autant plus dans le nouveau programme cadre européen Horizon 2014-2020). 19Sur la base des rapports AERES de la campagne d’évaluation 2010 (qui avait eu lieu juste avant mon arrivée) et différents documents rédigés par les laboratoires de recherche de l’Université, j’ai progressivement créé ma cartographie des thématiques de recherche de nos quinze laboratoires, et fait un travail de recensement de mots-clés. Mots-clés qui me servent à repérer si tel ou tel laboratoire pourrait ou pas s’inscrire dans tel ou tel programme / appel à projet européen. 20À mon arrivée à l’université, sur les conseils de la chargée de communication, je me suis appuyée sur tous les rouages de la communication interne (newsletter, magazine, présence aux réunions du conseil scientifique) pour faire connaître ma présence et ma mission auprès des équipes de chercheurs. Le leitmotiv de cette communication était de leur faire prendre conscience, collectivement et individuellement, du fait qu’ils n’étaient plus seuls face à la mécanique des appels à projets européens, mais qu’ils avaient vraiment quelqu’un à leur disposition pour démystifier et dé-dramatiser ce type de candidatures pour leurs projets de recherche. Pendant les premiers mois mon téléphone ne sonnait pas, ce qui était un peu inquiétant eu égard aux efforts de communication déployés et à la compétence que je leur proposais. Puis, peu à peu, les chercheurs ont été orientés vers mon bureau, se sont donnés le mot (ils m’envoyaient leurs collègues une fois que j’avais bouclé un projet pour eux), etc. Au fur et à mesure que je rencontrais de nouveaux acteurs de l’université intéressés par la dimension des projets de recherche, à l’échelle nationale ou européenne, je les ai tous ajoutés à ma mailing list de diffusion (liste incrémentée au fil des rencontres) des appels à propositions, appels à candidature et autres opportunités de financement d’actions relevant de la sphère recherche. Petit à petit d’autres personnes ont demandé à recevoir aussi cette information perçue comme nouvelle et intéressante. Ma connaissance fine des laboratoires de recherche de l’Université m’a progressivement permis, de connaître les sujets de recherche d’une grande partie des chercheurs. J’ai ainsi progressivement pu passer d’une veille stratégique et d’une diffusion de l’information aux laboratoires, à l’échelle plus précise et spécifique de chaque enseignant chercheur, étape nécessaire pour répondre à des attentes individuelles, hors du champ des projets collaboratifs impliquant plusieurs partenaires. Souvent il est nécessaire de passer par un premier entretien en face à face pour comprendre les sujets de recherche du chercheur (sénior ou doctorant), saisir la nature du projet ou de la problématique (s’agit-il d’un besoin de mobilité, de combien de temps, quel est le stade d’avancement du chercheur dans sa carrière, etc. ?) afin de commencer à formuler des éléments de réponse. Tout ce travail nécessite une grande patience, une écoute attentive, mais aussi une reformulation des problèmes pour tenter d’aller vers telle ou telle solution. Cet accompagnement individualisé est d’autant plus fort quand il s’agit de monter des dossiers de candidature qui touchent au parcours professionnel et personnel, tels que les bourses Marie Curie pour la formation et la mobilité des chercheurs et les bourses du Conseil européen de la recherche (ERC), tout comme quand il s’agit d’aiguiller un doctorant sur son devenir professionnel d’après-thèse et les possibilités de post-doc à l’international.
L’Europe de la recherche n’est pas à la portée de tous 22Connaissant les exigences et le formalisme des projets européens du programme-cadre il m’est vite apparu qu’il ne serait pas possible d’amener tous les chercheurs et tous les laboratoires sur ce type de programmes. Certains avaient auparavant besoin de passer par les différentes « marches » de l’« escalier des possibilités de financements ». Pour certains la réponse au besoin du moment passait davantage par une subvention du Conseil régional Midi-Pyrénées (délais plus courts que ceux des appels à propositions européens pour obtenir un financement, financement d’un montant plus modeste qui suffit à combler certains besoins), ou bien un projet ANR. J’ai ainsi pu définir en fonction des laboratoires et des chercheurs des stratégies d’accès aux financements publics de la recherche, qui pouvaient (ou pas) arriver à l’échelon européen. L’idée étant aussi de ne pas risquer des échecs en envoyant sur des appels à projets européens des chercheurs qui risquaient d’échouer et ainsi de se décourager sur ce type de financements. 23Pour certains chercheurs, je sais aujourd’hui à horizon 2-3 ans sur quels types d’appels à propositions je veux les amener. Il est ainsi possible, dans certains cas, quand il y a une bonne connaissance des potentiels et besoins, de définir des stratégies à moyen terme pour une montée en puissance dans l’inscription dans une logique d’appel à projets, si possible européens, et ce tant au niveau des laboratoires que des individus. Cela permet de programmer la soumission de projets au moment opportun pour les chercheurs concernés, afin d’optimiser leur CV parfois (attendre la parution d’une série de publications par exemple) pour tenter de renforcer les chances de succès de ces candidatures.
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